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Mettre au féminin : consultez le répertoire

Liberté des utilisateurs

En dehors des actes administratifs visés par le décret du 21 juin 1993, chacun, dans sa pratique quotidienne, reste libre de son usage et peut s'adresser à Madame la Conseillère d'État ou à Madame le Conseiller d'État. Dans la même optique, lorsqu'à un mot masculin donné correspondent plusieurs formes féminines, la commission s'est gardée de trancher et d'imposer une seule des formes possibles. Elle a au contraire tenu à préserver au maximum la liberté des utilisateurs : une professeur pourra coexister avec une professeure, certains emploieront la maire cependant que d'autres diront la mairesse, etc. Là où les normes n'apparaissent pas encore clairement, ce sont les pratiques des usagers qui les construiront peu à peu : des formes peu employées pourront ainsi être évacuées de la langue, cependant que des formes nouvelles, qui maintenant ont peut-être un air un peu curieux, pourront se banaliser à force d'être utilisées, et apparaître alors comme les seules possibles.

Contenu de la liste

Enrichie d'une centaine de noms par rapport à la série publiée en 1994, la liste alphabétique des noms de métier, fonction, grade ou titre compte 1619 entrées. Elle n'est pas exhaustive, mais ne doit pas l'être.

Quelques rares appellations complexes (chauffeuse de salle, haut fonctionnaire...) mises à part, les entrées ne comportent que des mots simples. Les sigles (P.-D. G.) ne sont pas retenus.

Peu de noms étrangers apparaissent dans le Guide parce que, selon l'arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 13 décembre 1993, pour chacun d'eux, "il est recommandé d'utiliser l'équivalent français et de le féminiser selon les règles" (annexe II, première recommandation). Ex. : cameraman : voir cadreur ; manager : voir manageur ; tennisman : voir joueur (de...). Il convient donc de préférer joueuse de tennis à tenniswoman. Si l'on doit appliquer à une femme un nom étranger de métier, fonction, grade ou titre, la forme féminine du nom sera la même que la masculine, mais elle sera employée avec des déterminants féminins.

Liberté des utilisateurs

En dehors des actes administratifs visés par le décret du 21 juin 1993, chacun, dans sa pratique quotidienne, reste libre de son usage et peut s'adresser à Madame la Conseillère d'État ou à Madame le Conseiller d'État. Dans la même optique, lorsqu'à un mot masculin donné correspondent plusieurs formes féminines, la commission s'est gardée de trancher et d'imposer une seule des formes possibles. Elle a au contraire tenu à préserver au maximum la liberté des utilisateurs : une professeur pourra coexister avec une professeure, certains emploieront la maire cependant que d'autres diront la mairesse, etc. Là où les normes n'apparaissent pas encore clairement, ce sont les pratiques des usagers qui les construiront peu à peu : des formes peu employées pourront ainsi être évacuées de la langue, cependant que des formes nouvelles, qui maintenant ont peut-être un air un peu curieux, pourront se banaliser à force d'être utilisées, et apparaître alors comme les seules possibles.

La contribution particulière de Michèle Lenoble-Pinson

La commission a élaboré le répertoire des termes au départ d'une liste constituée par Michèle Lenoble-Pinson, dont le travail préparatoire a tenu compte à la fois de l'usage et des indications fournies par des ouvrages de référence majeurs pour le français.

Depuis la sortie de presse de Mettre au féminin en 1994, en effet, Michèle Lenoble-Pinson n'a cessé de récolter des attestations de formes féminines. Les étudiants en Philosophie et Lettres, aux Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles (département de langues et littératures romanes) ont participé à cette quête en dépouillant la presse belge. Les attestations relevées témoignent notamment de la vitalité de formes comme auteure et écrivaine, prudemment écartées par la commission de 1993. Les modifications et les additions de la présente édition ne relèvent donc pas d'intuitions ni d'impressions personnelles.

Pour ce qui est des ouvrages de référence, Michèle Lenoble-Pinson a d'abord examiné le Guide d'aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions publié en France. En 1999, en effet, cinq ans après la publication du livret belge Mettre au féminin, le Comité de féminisation du CNRS-INaLF, sous la direction de Bernard Cerquiglini, a rédigé un guide très riche intitulé Femme, j'écris ton nom... (La Documentation française). Celui-ci, comme le nôtre, suit les rectifications orthographiques proposées par le Conseil supérieur de la langue française et approuvées par l'Académie française en 1990.

Le sens, la graphie et les variantes des noms retenus ont été vérifiés dans un dictionnaire encyclopédique mis à jour chaque année, autrement dit dans l'édition 2005 du Petit Larousse illustré. Les noms de métiers donnés sans précision de genre, c'est-à-dire reconnus comme noms des deux genres, y sont plus nombreux que dans les autres dictionnaires contemporains consultés.

L'auteur de la liste initiale a procédé aux mêmes vérifications dans la dernière édition du Grand Robert de la langue française, en six volumes, revue par Alain Rey en 2001, ainsi que, de manière ponctuelle, dans les ouvrages suivants :

- La 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française en cours de publication (2 vol., 1992 et 2000 ; et les fascicules parus jusqu'à onglette, 21 décembre 2004).
- Le TLF ou Trésor de la langue française (16 vol., 1971-1994).
- Le Dictionnaire Hachette, édition 2003. Ce dictionnaire encyclopédique a été retenu parce qu'il propose toutes les graphies rectifiées.
- Le Lexique anglais-français-grec des sports olympiques. Jeux d'été [à Athènes] (3 vol., 2004).
- Le Lexique anglais-français-japonais des sports olympiques. Jeux d'hiver [à Nagano] (1997).

DEUXIÈME ÉDITION

C'est la commission de féminisation du Conseil supérieur de la langue française qui a établi le nouveau Guide. Elle était composée de sept membres : Jean-Marie Klinkenberg, Georges Legros, Michèle Lenoble-Pinson, Marie-Louise Moreau (présidente), Henri Simons, Antoinette Spaak et Marc Wilmet. Elle a bénéficié du concours de Nathalie Marchal, du Service de la langue française.

Comme le livret publié en 1994, le nouveau Guide est conçu pour rendre service aux fonctionnaires de l'administration de la Communauté française et aux usagers de la langue française dans leur ensemble. Il les aidera à utiliser les formes féminines recommandées en Communauté française.

PREMIÈRE ÉDITION EN 1994

En 1993, afin d'éviter les créations sauvages ou anachroniques du type autoresse ou ministresse, Les parlementaires auteurs du décret ont demandé l'avis du Conseil supérieur de la langue française. Celui-ci a constitué une commission de féminisation, composée de cinq membres : deux parlementaires, Henri Simons et Antoinette Spaak, ainsi que trois linguistes, Michèle Lenoble-Pinson, Marie-Louise Moreau (présidente) et Marc Wilmet. L'objectif de la commission était d'aider les fonctionnaires et les usagers à respecter le décret du 13 juin 1993. Pour ce faire, la commission rédigea le livret Mettre au féminin, qui fut édité en 1994 par le Service de la langue française et le Conseil supérieur de la langue française. Après le rappel des règles de féminisation, le livret comportait cinq recommandations suivies de la liste alphabétique de quinze-cents noms.

Prudence et respect du génie de la langue avaient été les mots d'ordre, à juste titre. Il en était résulté que des formes attestées dans l'usage, telles qu'auteure, chauffeuse, écrivaine et matelot, avaient été mises en notes parce qu'elles ne respectaient pas les règles traditionnelles. Cette attitude prudente n'a pas nui au succès du Guide de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre, puisqu'il connut trois tirages de quinze-mille exemplaires chacun, ce qui est considérable en Communauté française de Belgique.

Quoi qu'il en fût, depuis 1994, l'usage de la langue a évolué et, en particulier, l'usage des noms de métier et de fonction au féminin. Plus de dix ans ont passé. Les usagers se sont montrés plus audacieux que les linguistes. Par exemple, les formes féminines auteure et écrivaine mises en notes en 1994 se disent et s'écrivent couramment en 2005. Il convient donc de mettre à la disposition des fonctionnaires et des usagers dans leur ensemble une édition revue et complétée du Guide de féminisation.

Introduction

La féminisation des noms de métier et de profession se porte plutôt bien en Communauté française de Belgique. La visibilité linguistique des femmes dans les fonctions de l'État, de l'administration et de l'entreprise croît d'année en année. La plupart des usagers de langue française ne s'étonnent plus d'entendre la Ministre de l'Agriculture, la juge X ou cette soldate américaine. La vice-rectrice, la consultante indépendante et la chercheuse osent se dire telles et sont reconnues comme telles.

En 1993, la publication du décret relatif à la féminisation des noms de métier, fonction grade ou titre, le 21 juin, et de l'arrêté d'application, le 13 décembre, a été suivie d'une période d'hésitation compréhensible. Les formes féminisées, magistrate sur le modèle d'avocate, huissière sur le modèle de caissière, échevine comme laborantine, risquaient-elles de déranger, d'inquiéter, de faire sourire, voire de ridiculiser ?

Il semble que le décret ait aidé les mentalités à progresser. Peu à peu, lentement mais sûrement, l'usage des formes féminines s'est installé d'abord dans les médias, la presse écrite, la radio et la télévision, puis dans la vie courante, pendant les campagnes électorales, enfin dans la publicité.

Des obstacles de deux ordres demeurent néanmoins. Alors que le décret est d'application dans l'administration de la Communauté française, des chefs de service, hommes ou femmes, freinent l'extension de la féminisation. D'autre part, ce sont souvent les femmes elles-mêmes qui répugnent à énoncer leur fonction ou leur titre au féminin. Cette attitude, qui peut paraitre bizarre, est explicable.

En ce qui concerne l'administration, une enquête a révélé deux tendances1. Au moment où, dans certains services, la féminisation était devenue normale et presque courante, dans d'autres, elle restait quasi ignorée. Pour quelle raison ? L'enquête a montré le poids de l'avis des chefs de service. Leur position favorable à la féminisation entrainait la majeure partie des membres du service à féminiser les noms de profession. Leur position défavorable ou non exprimée poussait le personnel à s'en tenir aux dénominations masculines. Les deux tendances s'observaient tant dans la langue orale (les appels téléphoniques) que dans la langue écrite (le courrier).

D'autre part, l'attitude des femmes elles-mêmes importe beaucoup. Une résistance à la féminisation continue d'exister chez certaines femmes qui occupent pour la première fois un poste jusque-là réservé à un homme. Après avoir obtenu leurs diplômes, elles ont travaillé avec la volonté de faire carrière. Elles obtiennent ainsi un poste destiné depuis toujours à un homme, mais cette réussite ne leur suffit pas. Elles veulent qu'on leur donne le titre au masculin. Alors seulement elles se sentent les égales des hommes. Comme si féminiser le nom de la profession risquait de la dévaloriser, elles se font appeler : Madame le Recteur, Madame le Directeur, Madame le Rédacteur en chef, Madame l'Ambassadeur de... en Belgique.

Il convient de respecter cette demande, d'autant plus qu'elle disparaitra d'elle-même. En effet, cette attitude s'observe surtout chez la femme qui occupe pour la première fois une haute fonction jusque-là attribuée à un homme. En général, dès la nomination de la deuxième femme à ce poste ou à un poste équivalent, le besoin d'être appelée par un titre masculin disparait. La fierté d'être femme réapparait et la visibilité féminine qu'apporte l'appellation au féminin l'emporte sur le prestige de l'appellation masculine : Madame la vice-Rectrice, Madame la Directrice (directrice de société), Madame la Rédactrice en chef, Madame l'Ambassadrice de... en Belgique.